
CHOPIN. SPÉCIAL NOCTURNES
LE NOCTURNE N°18, OP 62
Ceux qui me connaissent à peine savent qu’il n’y a un jour où je n’écoute ce nocturne; Pas un jour. Une sorte d’addiction assumée, sans douleur, de l’accoutumance. On sait aussi que, comme les critiques de La Tribune des critiques, l’émission de France Musique, je suis inconditionnel, comme tout le monde à vrai dire, de la version de Claudio Arrau même si celle de Pires ou d’Elisabeth Leonskaja la talonne.
LA TRIBUNE DES CRITIQUES SUR LES NOCTURNES
1 – 2014, ARRAU
En 2014, je m’en souviens, la bataille fut rude entre les différents interprètes soumis à la “Tribune des critiques de disques, l’émission de France Musique. Arrau l’emporta. Je colle ci-dessous le compte-rendu.
Je donne le lien, en cliquant sur l’image qui suit (532 émissions intelligentes, bonheur du Dimanche) ou ICI

S’agissant du Nocturne 18, op 62, on peut ne pas lire ce qui suit et aller plus bas dans le lecteur pour l’écoute…
Donc : LA TRIBUNE DES CRITIQUES DE DISQUE. EMISSION DU 14/12/2014. Avec Jérémie Bigorie (Classica), Jérémie Cahen (disquaire chez Gibert Joseph) et Elsa Fottorino (Pianiste, La république du Classique).
Le compte-rendu de Jérémie Rousseau
Seuls ont été pris en compte les enregistrements des 40 dernières années.
Tout le monde l’a oublié, et à en croire les tribuns, le Polonais Andrzej Wasowski ne leur manquera pas, tant ses Nocturnes trahissent selon eux une absence de pudeur, une manière trop insistante de montrer au lieu de suggérer – nonobstant un très beau son. Tant pis.
Son inverse absolu s’appelle Maurizio Pollini , dont le superbe toucher n’excusera pas l’uniformité des phrasés, les accents brutaux et le manque cruel d’abandon : c’est l’autoroute de l’ennui !
Le voilà qui guette encore, ce terrible ennui, dans la lecture de Pascal Amoyel : le pianiste français serait-il terrorisé par cette musique ? Ou cherche-t-il à hypnotiser son auditeur ? Passées les premières mesures, le statisme s’accentue, et la monotonie du jeu fige l’ensemble du corpus. Dommage.
Nikita Magaloff est un grand maitre du piano, déployant un jeu puissant et coloré. Mais à force de réfuter tout cantabile et d’aligner les maniérismes, ses Nocturnes manquent de suspense, de moiteur, de mystères…
Portée par le théâtre, l’interprétation de Maria Joao Pires est affirmée, tourmentée, au service d’un discours constamment tenu : la pianiste cisèle des climats passionnés et ne relâche l’attention dans aucun Nocturne ; on sait qu’on la suivra jusqu’au bout.
Miraculeux, Claudio Arrau offre un éclairage bouleversant. « Le poète parle ! », lance un tribun à propos de ce jeu dense, décanté, où chaque phrase cache un non dit ; un art de la confession souverainement maitrisé, magnifié par une palette de couleurs infinie.
Palmarès : N°1 : Claudio Arrau /N°2 : Maria Joao Pires
POUR CEUX QUI VEULENT ECOUTER CETTE BELLE ET VIEILLE EMISSION (2014) et SAVOIR POURQUOI ARRAU TRIOMPHE, LE LIEN CI-DESSOUS :
A la réflexion et après avoir été tancé par une amie, je ne peux, même si j’ai inséré mon nocturne préféré, ne pas tous les donner plus bas, ce double disque étant peut-être l’un des plus magnifiques dans l’histoire des enregistrements musicaux, toutes catégories confondues.
2 – 27/04/2025, GOERNER, PIANISTE ARGENTIN
MAIS, UN EVENEMENT MAJEUR S’EST PRODUIT IL Y A QUELQUES JOURS, TRES EXACTEMENT LE DIMANCHE 27 AVRIL 2025 : VOILA QUE COMME A MON HABITUDE, J’ÉCOUTE L’ÉMISSION PRÉCITÉE SUR FRANCE MUSIQUE (La Tribune de critiques) ET STUPEUR, JE CONSTATE QU4ON S’ATTZAQUE AU PALMARES DE 2014 ET QU’ON COMPARE DE NOUVELLES VERSIONS AVEC CELLES QUI SONT PARUES PLUS RECEMMENT. ET VOILA QUE CLAUSIO ARRAU EST DÉTRÖNÉ PAR NELSON GOERNER. JE DONNERAI MON AVIS PLUS TARD, SUIS ASSEZ DECONTENANCÉ.
Je colle le résumé de l’émission et le lien pour l’écouter. J’y reviendrai.
“Nocturnes de Chopin dans les oreilles de la Tribune. Publié le dimanche 27 avril 2025
Le ton affecté d’Emmanuelle Swiercz, l’élévation lumineuse du Chopin de Nelson Goerner : Bertrand Boissard, Jean-Yves Clément et Negar Haeri élisent la version de référence des Nocturnes de Frédéric Chopin.
Le compte rendu de Jérémie Rousseau
Seules ont été prises en compte les versions des 20 dernières années, confrontées à la dernière version lauréate (2014).
ton affecté, jeu haché, choix frustrants : les critiques rejettent l’interprétation d’Emmanuelle Swiercz.
Un tribun loue la liberté et l’éloquence du Chopin vocal – bellinien ! – de Bruno Rigutto, quand les deux autres dénoncent un discours indolent, des manières appuyées, pour ne pas dire un fouillis. Vérité, où es-tu donc ?
Sous les doigts de Fazil Say, le Nocturne n°3 suscite des réactions opposées : romance plate et ordinaire pour les uns, charme raffiné, insoutenable légèreté d’un nocturne improvisé pour les autres. Mais le crescendo brutal et un certain narcissisme fâchent dans le Huitième, cette fois à l’unanimité.
Nelson Freire mettra-t-il tout le monde d’accord ? Le chant du Nocturne n°3 déploie naturel et délicatesse – on pense à Mozart – puis on apprécie le dessin d’un Huitième ciselé. Mais le refus de la pénombre et de l’inquiétude donne un Treizième étrangement transparent, privé de sa fièvre.
Voici la première version qui, d’emblée, signale l’angoisse et la tragédie. Seigneur et sorcier, Claudio Arrau privilégie la lenteur, sculpte le son et sonde les abîmes tout en chantant à pleins poumons. Pour autant la sophistication des Huitième et Treizième reste l’écueil de cette lecture hautement pensée sinon préméditée.
Noblesse, mélancolie de la nuit, tristesse et solitude : voilà les mots qu’inspirent les Nocturnes de Nelson Goerner, qui glisse une goutte d’indolence à un toucher aristocrate et sait habiter et animer la phrase chopinienne de ses ambivalences secrètes : la lumière annonce l’obscurité, tout coule avec un sentiment d’évidence et d’absolu pour peindre un merveilleux journal intime.
Palmarès
N°1 : Version F
Nelson Goerner
Alpha (2017)

N°2 : Version D
Claudio Arrau
Philips (1977)

N°3 : Version C
Nelson Freire
Decca (2009)

N°4 : Version B
Fazil Say
Warner (2016)

N°5 : Version A
Bruno Rigutto
Aparté (2019)

N°6 : Version E
Emmanuelle Swiercz
La Musica (2015)

NELSON GOERNER “référence nouvelle pour les Nocturnes de Chopin”
C’est le titre de “res musica”. Je colle l’article de cette excellente revue :
Le 22 mars 2018 par Benedict Hévry
Quelques semaines après le disque isolé de Fazil Say, plus inconstant et ne reprenant qu’une sélection de quinze Nocturnes de Frédéric Chopin, nous parvient cette fois une intégrale publiée chez Alpha et confiée à un des pianistes-phares du label, Nelson Goerner. À bien des égards, une référence moderne.
Là où Fazil Say insistait avec beaucoup d’à-propos et surtout de force, sur la différenciation ultime de chaque pièce, notamment en matière de tempi, avec autant de fulgurance que d’irrévérence, Nelson Goerner joue la carte d’une certaine continuité musicale, sans pour autant sacrifier à la standardisation d’un modèle supposé. Il affirme, au fil des pages, l’importance accrue d’une harmonie toujours plus audacieuse, d’une expression poétique toujours plus diversifiée, et d’une libération totale de l’imaginaire sonore et pianistique dans un cadre formel réduit : ainsi, sous ses doigts, la nuit évoquée n’est plus seulement l’univers de l’évanescence, du rêve ou du repos, mais aussi le monde de l’effervescence de la pensée (opus 15 n° 1), de l’inquiétude la plus insigne (sections centrales des opus 9 n° 3 et de l’opus 15 n° 1), de la fixation obsessionnelle autour de quelques motifs (opus 37 n° 2) ou d’une esthétique de la fragmentation d’un discours aux allures de parcours inachevé (opus 15 n° 3). Bref, Nelson Goerner ose l’unité dans la diversité, et propose un itinéraire intime des replis de l’âme du compositeur, depuis le cantabile le plus épanché, directement hérité du bel canto des premières pages (opus 9 n° 2, opus 27 n° 2) jusqu’à l’avènement d’un frisson nouveau, aux portes du symbolisme ou de l’impressionnisme musicaux (opus 62), où l’on pense déjà à la « deuxième manière » d’un Gabriel Fauré.
Cette approche, superbement captée dans une atmosphère enveloppante par les micros de Franck Jaffrès, une fois de plus en totale communauté d’âme avec l’artiste, se veut à la fois classique par sa maîtrise pianistique assumée et sa pudeur consommée (opus 9 n° 1), romantique par son sens égotiste et son analyse urgente des passions (opus 37 n° 1, opus 48 dans son intégralité, outre les opus 9 n° 3 et 15 n° 1 déjà cités) et, d’une manière plus générale, moderne par sa clarté analytique, presque chirurgicale, mais sans sécheresse, dans la mise en place des plans sonores où la moindre dissonance, les moindres retards ou anticipations harmoniques deviennent sources potentielles de tension. Certes, dans cette dernière optique, l’intégrale mythique de Claudio Arrau enregistrée au Concertgebouw d’Amsterdam voici quarante ans (Decca) va sans doute encore plus loin, par exemple, par son génial rubato parfois à la limite de la lisibilité, ses partis-pris de lenteur marmoréenne ou ses à-pics harmoniques quasi minéraux tel ce si bémol inaugural de l’opus 55 n° 2, porté par une secrète harmonie, ou cet arpège augural et efflorescent de l’opus 62 n° 1, une manière d’être à la musique où l’immense pianiste chilien demeure à notre sens inégalé.
Nelson Goerner choisit d’autres voies, peut-être plus immédiatement accessibles au mélomane, sises aussi dans la continuité de sa pratique des claviers d’époque ou copies d’époque : il avait en effet, entre autres, déjà gravé trois nocturnes en complément de sa version très historiquement informée des quatre Ballades sur pianoforte (NIFC). Cette intégrale sur piano moderne est sans doute, parmi celles publiées récemment, une des plus recommandables, même si selon son humeur, le discophile chopinien patenté pourra aussi se tourner vers les disques, tous très différents, mais tous remarquables, de Nelson Freire (Decca), Elisabeth Leonskaya (Warner-Apex), Maurizio Pollini ou Maria João Pires (tous deux chez DG), sans oublier, outre Claudio Arrau, déjà cité, et dans les seuls 19 nocturnes alors connus et publiés lors de leurs enregistrements, Arthur Rubinstein (Rça) ou Samson François (Warner) parmi les grands interprètes « historiques ». Mais ce double album fera désormais figure de référence.
Frédéric Chopin (1810-1849) : intégrale des 21 Nocturnes. Nelson Goerner, piano. 2 CD Alpha. Enregistré en avril 2017, en la salle de musique du théâtre populaire romand de La Chaux-de-Fonds, Suisse. Textes de présentation en français, anglais et allemand. Durée : 108:06
L’ALBUM INTEGRALE NOCTURNES par CLAUDIO ARRAU
Il n’empêche que je reste sur mon ami des insomnies : Arrau. Même si je fais la promotion ci-dessous de Goerner qui le mérite. En insérant, ensuite, toutes les versions que je connais (Lisiecki, Chaplin, Pires, François)
NELSON GORNER, NOCTURNES, VIDEO (SUR LES NOCTURNES)
Pianiste argentin donc qui parle bien le français et qui disserte assez bien sur les nocturnes.
NELSON GOERNER, EXTRAIT NOCTURNES
Le Nocturne 1.
JEAN LISIECKI, VIDEO, NOCTURNE 18.
Je n’ai pas trouvé en ligne une vidéo de Claudio Arrau jouant ce Nocturne. Je colle, néanmoins, celle de Jean Lesieki, jeune pianiste canadien qui a rejoint les grands. C’est du bon piano.
JEAN LISIEKI, ALBUM INTEGRALE NOCTURNES DE CHOPIN
Mais, soucieux d’un soutien des jeunes pianistes, je donne ci-dessous son album des “Nocturnes”. On pourra comparer avec Arrau. Puis Maria Joao Pires et François Chaplin. A Comparer sur mon nocturne précité…
MARIA JOAO PIRES, QUELQUES NOCTURNES, CHOPIN
FRANÇOIS CHAPLIN, ALBUM INTEGTRALE NOCTURNES CHOPIN
SAMSON FRANÇOIS, NOCTURNES
Chopin Nocturne, op 27 no 2 – Maria João Pires live at Jardin Musical
Seong-Jin Cho – Nocturne in C minor Op. 48 No. 1 (first stage)
Menahem Pressler – Chopin: Nocturne in C Sharp Minor, Op. posth. | Yellow Lounge
Chopin Nocturne Op.9 No.1 – Jan Lisiecki
https://youtu.be/X92SXG9ZSag?si=99ad9s6TP5a9lzKa
Frederic Chopin : Nocturnes opus 9, n°2 en mi bémol Majeur (Mikhaïl Pletnev
Nocturne n° 13 en ut mineur op. 48 n° 1. Valentina Lisits
UN BILLET DE RADIO CLASSIQUE
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